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Senteurs Secrètes
13 juillet 2012

Contes et Légendes de Daena

Voici l'histoire du Fleuron d'Aliénor, Reine d'Aquitaine

Les chevaux et les hommes étaient épuisés. Le soleil encore chaud faisait ruisseler nos fronts. Des effluves de fraises et de roses mélées s'échappaient des taillis de ronces en fleurs. Soudain, l'air lourd et musqué qui caressait quelques herbes sèches fit place à un souffle plus frais. Vint un gros orage.Juste le temps de nous abriter sous les tentes plantées à la hâte. Notre reine était là, parmi nous !
Aliénor, la charmante Aliénor !
Assise sur un panier, sa cour s'affairant autour d'elle, piétinant dans la terre mouillée, respirant les tièdes vapeurs d'infusions de girofle, cannelle et pétales de rose.

Chacun s'occupait...
Pendant que les uns briquaient leurs épées, d'autres racontaient leurs exploits en buvant leurs tisanes, sous le rire bruyant des dames à la vertue légère !

Où était donc passé l'esprit des croisades?
Alexandre avait pris sa plume. Moi je cuivrais le frêle goulot d'une ampoule de verre clair sur laquelle j'avais serti une petite fleur de métal, identique à celle que portait notre souveraine sur sa ceinture et que je remplirai du parfum choisi à son attention.
Cette lumière des mercures nous protègera-t-elle également de la peste?
D'un geste précis je terminai le bijou.

"Ma Reine, voici votre fleuron ! Que la prime essence de genêt* qu'il contient puisse vous protéger ! De grâce, acceptez cet humble présent !"

Un grand sourire illumina son visage et ses yeux s'émerveillèrent !
Puis s'adressant à sa cour :
"Ce fleuron sera notre emblême ! Que votre coeur en soit récompensé Dame Daëna"

Ainsi s'achève cette histoire.
Les rayons de soleil jouaient à nouveau avec la lumière. Dehors flottait un air humide et libre baigné d'arômes d'essences légères...

Nous pouvions repartir !

 

Voici l'histoire du Talisman de Daëna

Aujourd'hui c'est Jeudi Saint.

Les dernières cloches viennent de sonner à la commanderie. Elles se tairont jusqu'à la veille de Pâques.
Nous nous apprêtons à assister aux Vêpres. Croix contre coeur, les prêtres récitent les oraisons. L'Aumonier prépare des serviettes tièdes et de l'eau chaude dans des aiguières bordées d'or ; le service de don aux pauvres peut commencer.

Treize d'entre eux sont alors choisis par le Maître du Temple. Heureux soient-ils !...
Voilà que nos frères se mettent à leur laver les pieds.
Les élus repartiront avec des souliers propres , deux pains et deux deniers ! Ce soir, il fera bon vivre dans leur chaumière...

Avant que la cérémonie ne se termine, je leur offris un bijou confectionné à cet effet.
Durant mes temps de repos et recueillement, j'avais rempli d'une eau protectrice et des meilleures intentions, plusieurs petites ampoules en verre soufflé...
Puis, j'y apposais notre sceau...
"Gentil Segnor dex vos doinst sant, joie et richece por qu'il vous soviegne de moi".

 

La Sainte Ampoule

Froidure se faisait ce matin du 25 décembre de l'an 496.
Pourtant, devant la cathédrale de Reims, je n'avais jamais vu si grande foule ! Bien-sûr, c'était fête ce jour là ! Nous célèbrions la naissance du Christ. Mais dans une atmosphère très particulière, nos frères guerriers fatrouillaient* : Clovis, leur valeureux jeune chef, païen, acceptait par le baptème, de s'en remettre à la gloire d'un Dieu unique !
Tout à coup, dans un instant de bousculade, un signe de Dieu était alors envoyé : un signe à nul autre pareil. Ce que nous avions pu voir était extraordinaire !
Une colombe plus blanche que neige apportait dans son bec une ampoule céleste en cristal. Remplie d'huile sainte, elle dégageait une senteur suave inexprimable. Afin de leur donner le plus grand des prestiges, elle était destinée uniquement pour le sacre des rois de France, en mélange avec le Chrême*.
Avec beaucoup de peine, nous réussissions à pénétrer dans la nef pour remonter jusqu'au choeur de l'édifice. Cachés derrière un pilier du portail nord, Alexandre et moi, attendions la fin de la cérémonie... Dans un bref instant d'isolement et de recueillement de l'Archevêque et de ses évêques, nous décidions d'emporter un peu de la substance précieuse...
Sous la surveillance attentive de mon vaillant chevalier -dont l'ardente bravoure n'était plus à prouver- prestement, je m'approchait de l'hôtel. A l'aide de l'aiguille d'or déposée sur la patène*, je prélevais un soupçon de ce merveilleux mélange dans une fiole que m'avais donné mon ami, Agylus, l'artisan souffleur de verre. Le précieux contenu serait alors toujours préservé. Mais nous avions reçu un ordre divin : en garder une infime fraction pour un saint usage ; celui de la fabrication d'une eau protectrice pour tous ceux et celles qui se battent pour noble cause....


*fratouillaient : parlaient à tort et à travers

*Le chrême est un composé d'huile d'olive et de baume, lequel est une espèce de résine très odorante qu'on retire, par incision, de l'arbre nommé opobalsamum. Cet arbre croît dans l'Arabie et la Judée. Ce mélange est consacré par l'évêque le jeudi Saint. Il est considéré comme l'emblème de la douceur et de la bonne odeur des vertus d'un vrai disciple de Jésus-Christ.

*La patène : C'est un petit plat de forme circulaire à larges bords aplatis et doré à l'intérieur. Pendant la cérémonie elle a une triple fonction : posée sur le calice, elle en protège le contenu, reçoit l'hostie avant la consécration et après sa fraction...

 

Fioles du XIXème

Au fil du temps, pendant mes longs voyages à travers les siècles, voici ce que j'ai ramené dans mes malles :
Pas moins de la moitié de huitante fioles authentiques du début du XIXème siècle, endormies dans un vieux coffre poussièreux dans la cave d'une demeure non moins ancienne, située au coeur du Languedoc...
Serait-ce un oubli de nos parfumeurs de Montpellier? Nul ne pourra l'affirmer...
Après les avoir soigneusement dépoussièrées, c'est avec beaucoup d'émotion que je décidai de les remplir de ce fabuleux ciste labdanum crétois...celui-là -même distillé de la résine de cet arbuste que les bergers récoltent à l'aide de grands peignes, sur la laine de leurs brebis avant de les tondre et après qu'elles aient brouté les herbes sauvages de la garrigue et se soient frotté durant les heures de canicule contre les buissons suintants. Ces boules de gomme, impregnées de suif de l'animal donneront une odeur très particulière à cette précieuse huile méditerranéenne, et qui servira à la distillation du parfum.

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